PAYSAGES OLERONNAIS

70 tableaux investissent les contours de l’île, langue de terre cernée de son espace maritime. Des bateaux posés ou couchés, des bassins portuaires, des plages et des marais endormis sont restitués avec âpreté, bruts, sans apprêt. Ces paysages figés sont un sujet inédit pour Marine Alexandre qui s’attache surtout à peindre le Vivant. Mais leur immobilité est déjouée par la capture de l’aquarelliste, synthétique et rapide, où le mouvement est imprimé par les contrastes et les couleurs qui exaltent la lumière. Et la richesse est bien là, supérieure à ce que nous percevons, aveuglés que nous sommes par notre idée du réel où la mer est bleue, l’herbe verte et le chalutier à flot. Pourtant la mer peut aussi être jaune, l’asphalte rose, les chaumes mauves et le bateau encore plus impressionnant dressé hors de son élément. C’est tout un univers que nous ne savons pas voir qui nous est restitué par ces scènes peintes avec cette palette déroutante qui leur donne vie. Le vent et la pluie subis dans l’instant lors de la mise en peinture accentuent le caractère saisi sur site : la tache colorée, le flou, la goutte, la coulure, la souillure soulignent cette réalité qui nous est invisible mais nous transporte quand elle est montrée. Le point de vue hardi, la puissance d’évocation et l’imprévu des couleurs attestent de la présence vivante de ces sujets, rythmés par la marée, sous la lumière changeante de l’île, comme un précipité de nos impressions.                            – Laurent Gilson-